Opéra de Lille

 

L’Opéra de Lille remporte le prix FEDORA pour "Like flesh" de Sivan Eldar

L’Opéra de Lille présentera en janvier 2022 la création mondiale de Like flesh, un nouvel opéra de chambre. Le projet s’est vu décerner le 17 juin le prix FEDORA pour l’Opéra 2021, qui récompense les productions européennes les plus innovantes.

À travers Like flesh, l’Opéra de Lille continue d’affirmer son soutien à la création contemporaine et aux artistes émergents. L’oeuvre est une commande passée à la compositrice israélo-américaine Sivan Eldar et à l’auteure britannique Cordelia Lynn, portée par la metteuse en scène italienne Silvia Costa et par le chef d’orchestre Maxime Pascal à la tête de l’ensemble Le Balcon, fidèle partenaire de l’Opéra.
Puisant dans le grand récit fondateur que sont les Métamorphoses d’Ovide, Like flesh revisite la mythologie à la lumière d’enjeux actuels : la menace écologique, les questions de genre et notre rapport au désir et à la sensualité. À la fois politique et poétique, cette création audacieuse s’appuie en outre sur des dispositifs électronique et vidéo pour donner à expérimenter ces étonnantes métamorphoses.

Un livret actuel et engagé 

Histoire d’amour radicale, mythe contemporain et engagé, Like flesh est un cri d’alarme contre notre relation brisée avec les autres et avec la nature. Inspiré des Métamorphoses d’Ovide, il commence par la transformation en arbre d’une femme prisonnière d’un mariage malheureux, cherchant à fuir l’emprise de son mari. Alors qu’elle pense trouver ainsi une forme de libération, elle découvre que le monde est aussi dangereux pour les arbres : au fond de la forêt, un forestier et une jeune étudiante convoitent son nouveau corps de bois et de feuilles, le premier pour l’argent, la seconde pour l’amour. 

Selon Cordelia Lynn, librettiste, « le contenu même de Like flesh est une déclaration politique qui défie l’orthodoxie des opéras inspirés de mythes, en sécurité dans un passé ancien et patriarcal. Nourri par l’affiliation récente entre les théories queer et environnementales, Like flesh pose ces questions : comment vivons-nous le changement et la différence ? Peut-on apprendre à aimer la nature comme nous aimons nos proches ? Et que se passe-t-il si nous n’y parvenons pas ? »

Une musique expérimentale 

Alors que le livret explore le monde extrahumain à travers les sciences environnementales, la partition imagine ce monde – pourtant inaudible aux oreilles humaines – à l’aide des nouvelles technologies. La modélisation avancée de schémas de croissance biologique est utilisée pour animer des cellules sonores acoustiques, offant une expérience intime de la croissance de champignons, de mousses et de racines. Ces textures sonores sont diffusées par un dispositif unique de haut-parleurs placés sous les sièges du public, créant des ondulations, des essaims et des vagues dans la salle. « Cette transformation progressive de la scène et de la salle en un environnement vivant fait non seulement écho à la métamorphose de la femme, mais offre aussi une réponse artistique à notre expérience moderne des réalités virtuelles » précise Sivan Eldar, compositrice.

Une mise en scène nourrie par l’Intelligence Artificielle 

Confiée à Silvia Costa, la mise en scène connecte ces multiples éléments dans un ensemble conceptuel cohérent et un décor « vivant », enrichi par l’Intelligence Artificielle, créé avec l’artiste révolutionnaire Francesco D’Abbraccio. « Le challenge de Like flesh est de montrer la métamorphose de la femme en arbre. Une nouvelle forme est nécessaire, quelque chose qui recompose la réalité visuelle du public d’une manière contemporaine et extrahumaine. D’où le recours à l’Intelligence Artificielle » explique Silvia Costa. « Nous l’employons comme un outil pour raconter la complexité d’un monde à la fois beau et violent, tel qu’il serait perçu à travers un regard non humain – celui d’un arbre par exemple. L’Intelligence Artificielle efface la distance que nous mettons entre nous-mêmes et la nature » poursuit-elle.

 

À propos du prix FEDORA pour l’Opéra 

Créée en 2014 à Paris, FEDORA est une organisation à but non lucratif présidée par Jérôme- François Zieseniss. Son objectif principal est d’encourager la philanthropie pour soutenir l’avenir de l’opéra et du ballet.
Financés par des fonds privés, les prix FEDORA distinguent chaque année des projets artistiques et culturels en cours de développement en Europe, présentant un caractère innovant dans les domaines de l’opéra, de la danse, de l’éducation et du numérique.
Le prix FEDORA pour l’Opéra récompense des oeuvres expérimentales créées par des artistes émergents, avec l’ambition de toucher un public international. Il reçoit le soutien de Generali, en collaboration avec Opera Europa, organisation de services pour les compagnies d’opéra professionnelles et les festivals d’opéra en Europe. 

Présidé par Nicolas Payne, directeur d’Opera Europa, le jury 2021 était composé de Laura Berman (Staatsoper d’Hannovre), Aviel Cahn (Grand Théâtre de Genève), Kasper Holten (Théâtre Royal du Danemark), Sophie de Lint (Opéra National des Pays-Bas), Anna Maria Meo (Fondazione Teatro Regio di Parma) et Birgitta Svendén (Opéra Royal de Suède).

Repères biographiques 

Sivan Eldar est née en 1985 en Israël. À l’âge de 15 ans elle s’installe aux États-Unis, où elle étudie la composition, le piano, l’ethnomusicologie et les nouveaux médias. Elle suit en parallèle des cours d’étude de genre et d’éthique, tout en s’engageant dans le travail environnemental et politique. Elle vit aujourd’hui entre New York et Paris. En 2018 elle crée Heave, une pièce pour six voix et électronique, en collaboration avec l’auteure Cordelia Lynn, le compositeur de musique assistée par ordinateur Augustin Muller (Ircam) et la metteuse en scène Aurélie Lemaignen. En 2019, la pièce pour voix soliste et orchestre Una Mujer Derramada est créée avec l’Opéra Orchestre national de Montpellier et la chanteuse Amyra León sous la baguette de Magnus Fryklund.
Sa musique est décrite comme « vivement imaginée » (The Boston Globe), « éthérée » (Oakland Musical Examiner), « magnifiquement mélancolique » (Opera Plus), « rayonnante de sons et de silences poétiques » (ResMusica) et « avec une sensibilité unique à la dramaturgie » (Diapason). Like flesh est son premier opéra. 

Cordelia Lynn est née à Londres en 1989. Elle étudie le piano jusqu’à l’âge de seize ans, puis la littérature.
En 2015, sa pièce Lela & Co est saluée par la critique. En 2016, son monologue masculin Best Served Cold est présenté au Vault Festival de Londres. Suivent One For Sorrow (2018), Trois Soeurs (2019) et Hedda Tesman (2019), adaptation moderne de Hedda Gabler de Henrik Ibsen. Cordelia est l’auteure du livret de Miranda, un nouvel opéra d’après The Tempest de Shakespeare sur des musiques de Purcell, en collaboration avec Raphaël Pichon et Katie Mitchell (Opéra Comique, 2017). Elle travaille également avec cette dernière comme dramaturge sur Lucia di Lammermoor au Royal Opera House (2016/17). Elle collabore régulièrement à l’écriture de nouvelles oeuvres vocales avec Sivan Eldar : You’ll drown, dear (Festival Manifeste, 2017), The White Princess (Festival d’Aix, 2017) et Heave (Festival Royaumont / Ircam, 2018).

Partenaires

Commande Opéra de Lille, Opéra Orchestre national de Montpellier, Opéra national de Lorraine 

Production Opéra de Lille 

Coproduction Opéra Orchestre national de Montpellier, Opéra national de Lorraine, Opera Ballet Vlaanderen (Anvers), Ircam-Centre Pompidou 

En collaboration avec Le Balcon 

Avec le soutien d’enoa (réseau européen d’académies d’opéra), du programme Europe créative de l’Union Européenne et de la Fondation Camargo 

Avec le soutien du Crédit Agricole Nord de France, mécène principal de la saison de l’Opéra de Lille 

Partition Éditions Durand / Universal Music Classical

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